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XIX

9 décembre 2007

11

Après avoir changé les draps, tu étais debout sur le lit.
Tu levas les deux bras perpendiculairement à ton corps, de sorte qu'ils formaient une ligne droite.
Puis tu les a ramenés devant toi, en deux lignes parallèles, que tu as laissé tomber sur mes deux épaules.
Près de mon cou.
Et je t'ai embrassé.
Tout ceci s'est passé en l'espace de quelques secondes.
Mais l'impression jamais n'est rationelle.

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8 décembre 2007

10

Lopez n'est pas là, mais s'il faut lui prendre quelque chose, vous savez, moi je parle pas pour les absents, pi il aime pas trop l'alcool, oui je sais madame, ça n'empêche pas d'en prendre quelquefois, mais bon vous savez, moi je parle pas pour les absents, comment, oui un quir, bien blanc de préférence, fais le toi même parce que Christophe, tu sais, il le fait mal, et je préfère quand c'est toi.
Lopez arrive : donnez moi un Vittel menthe dit-il. Le quir de la grosse dame est arrivé un peu auparavant, verre frais, ( l'on peut voir les gouttes d'eau sur le verre ), suivi peu après d'un vittel menthe et de petits gâteaux apéritifs. Devant moi trois personnes vivent, et j'ai du mal à entendre leur langage, comme si ma langue avait depuis quelque temps fui. Je me suis expatrié dans le pays de l'attente, de l'absence. Cela fera une heure que j'attendais, quand tu me diras, au téléphone, je suis devant le Rex, je t'attends. Une heure, une éternité, dans mes mains, sur ma table, le roman de l'attente. El coronel no tiene quien le escriba. J'ai pour ma part tant de mal à vivre en suspens. Est ce parfum toujours aussi, un embaumement de l'espace. La vieille dame, paiera apparemment plus tard, moi je suis à l'heure de payer - il reste quinze bonnes minutes avant ton arrivée- et d'une humeur généreuse, par exil de la vie peut-être : un euro de pourboire, et, après t'avoir dit au revoir avec les mains, dans un métro où, à cause des gens qui pressaient toujours plus, tu t'étais assis loin de moi, beaucoup trop, un euro à un jeune homme faisant la manche. Pas de lettre pour le colonel.

7 décembre 2007

9

Ton lit, à ses pieds avaient poussé des mandragores, et entre les vernies planches du parquet, des pousses, lentement, commençaient à grimper, à croître. Presque qui grimpaient sur les pieds du lit.
Et moi oui j'étais pendu, mais c'était à tes lèvres.

4 décembre 2007

_o_

« On ne taille pas dans sa vie sans se couper. » René Char.

 

Je peindrai ton visage mon homme un paradis perdu. Le poète a dit on ne taille pas dans sa vie sans se couper. Mon corps est maintenant une plaie béantement ouverte, on m’a une dent arraché, un trou sanguinolent. Pourtant je n’ai rien escamoté, du moins de mes sentiments. Je peindrai ton visage ce paradis perdu. Je ne tiendrai plus ses contours dans mes mains, et tes lèvres pour toujours une lande desséchée. Ecrire me semble couper dans mon existence. Mais ce n’est pas un projet : c’est un mode de fonctionnement. Je suis toujours et acteur et spectateur de moi-même, acteur-personage, spectateur-auteur. C’est ainsi que je deviens, écrivain, le marais drainant toute la vie de ma vie. Les plus beaux paradis sont ceux qu’on a perdus. C’est un autre poète ; moi j’ai perdu le lieu. Tu m’étais un berceau autant qu’un être humain. Et sentir sous mes bras l’écaille de ta chaleur me rappelle à nouveau la froideur de ma couche. Tu m’étais un berceau un nid une source. Il faut croire : maintenant mes sources ont un goût, quelque peu différent. Poison Perdu. Et je regarde maintenant mon intérieur, tournant ma vue au-dedans de moi. Un spectacle s’offre à elle, mes cavernes insoupçonnées. Des vastes salles, grises toutes. L’humidité y règne en goutte, qui parcourt les parois. En chutant des sons sourds, sur le sol, en des flaques. Je suis un vaste château dégradé ; en grattant un peu le vernis qui vient de sécher, se révèlent les murs froids, pourris, humidité scandaleuse du souvenir. J’implose depuis la naissance. En moi la force des lieux irrésolus. Tant et si bien que les édifices sont précaires. Et toujours cette douleur à ma dent maintenant absente une partie expulsée de mon corps. J’élague ce qui dépasse. Une hallucination fréquente par trop. Le soir au coucher un corps reposant sur la dureté du lit esseulé, je sens grimper sur les reliefs de ma peau des sortes de vermines, qui grouillent, et grincent. Un fourmillement qui m’attaque flux successifs je suis une côte rocheuse sur laquelle ils s’écrasent, et se fragmentent – mes souvenirs, comme un manteau. Je n’ai plus qu’un moyen. Je racle cette foule sur mon corps, je détache une à une les griffes fichées à l’épiderme, le sang perle quelquefois – un trop grand souvenir arrache bien plus qu’une larme – je les maintiens à l’écart – la langue et l’écriture, parois de verre avec lesquelles je les embastille. Je ne cherche pas à fixer, je souhaite juste qu’elle se détache, que de telles pensées cessent de coloniser mon corps, jusqu’à ma tête, je ne veux aucune araignée dans mon cerveau. Non aucune toile. Peut-être que des scènes importantes me reviendront, alors il me faudra décrire. Puis oublier. Faire de ces scènes un appendice superflu de ma vie, le factice et l’écrit : le à jamais non-vivant. Alors tout cela reviendra, et il me faudra écrire. Et tout d’abord ceci : Je peindrai ton visage mon homme un paradis perdu.

19 octobre 2007

8

On ne verra jamais des méduses manchottes danser le cha-cha-cha
Et pour une simple raison : cela n'existe pas
Pourtant il me semble à moi, que les méduses danseraient bien
Au plus profond de leurs palais z'aquatiques
ou du trefond d'un désert d'Armorique
Cela n'existe pas : c'est la simple raison
N'avez vous jamais écouté les tremblements marins
Des grandes trompettes et senteurs de jasmin
cela n'existe pas et pourtant moi je dis
que les méduses manchottes dansent que même
Translucides sur le sol des salles de bal
Elles se laissent indolentes glisser sur les étoiles

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15 octobre 2007

7.

" L'une des pratiques officilelles les plus sensationnelles des écoles publiques américaines "

[ il a appris hier l'une des techniques les moins extra-ordinaires des sociétés modernes ; son départ prochain pour le centre, un nouveau groupe, une nouvelle fournée dans le ventre, encore palpitant, demandeur de chair, alignement des corps, il savait qu'il y aurait droit, les opposants sont rares, qui se terrent en terre de contestation, ils cultivent, une fois est définitivement coutume, en rangées organisées, sur des étagères, des mots, des langues, un bouclier protecteur et peut être quelques tropes ; sous le sol, des lianes, des phrases, quelques points de suspension, des guirlandes, les murs suintent une humidité anormale, et ils sont au monde ]

[ les opposants sont rares, et tous nous sommes passés par la phase de scission ]

[ les murs des condensés d'aseptie, masse blanche, pas de dérogation à, par la chaux ou par le javel, le kärcher, l'ordre médicinal du non-vivant ]

" Notre rôle est de vous inculquer à tous, sans instaurer aucune différence, une même et simple langue.
" Vous n'imaginerez pas ensuite comment tout vous sera simplifié.
" Vous n'avez jamais remarqué, comme il est plus aisé de communiquer, lorsque chacun est sur la même longueur d'onde ?
" Sinon, comment pourrait-on faire du commerce ?
" Vous rendez vous compte comment nous reglons les liens qui unissent les hommes ?
" C'est pour votre bien que nous agissons : nous vous apprendrons à nommer vos désirs, et mieux, à les exprimer, à les réaliser. 


15 octobre 2007

6

[ l'enfant est, sur une table, bras en croix, fixés on ne peut plus fortement, jambes écartées et de même, regard fixe sur le haut de la salle - blanc, blanc-aseptie d'hôpital - en un mot absent, allongé de force. Autour de lui, les hommes, trois, peut-être quatre, il ne sait pas, il oublie, s'agitent, changent sans arrêt de point, tâtent, les chairs de ses cuisses, de son ventre flasque, à la peau, car suite d'un régime, détendue, à travers le tissu lâche, carressent cheveux, fixent et sanglent, l'enfant ne regarde rien, il perd le sens du lieu. ]

[ des mains, il le sent, dans sa bouche, au goût de caoutchouc - ils sont neufs et bleus, les gants, viennent d'être sortis de leur boîte, des mains qui ouvre sa bouche rétive, deux en haut et en bas comme l'on ouvre une valise, deux à gauche et à droite, ouvrent les commissures, afin que trou béant se fasse, immense trou au milieu de son visage, il ne peut plus résister, et laisse ouvrir le trou ]

[ introduction dans le trou offert, de l'entonoir, gigantesque entonoir, que trois hommes soutiennent, afin qu'il ne chute pas, que la substance ne chute pas, elle, aux côtés de l'enfant, il s'agit du rituel, tout est codifié, derrière la porte, il croit, se tient file d'enfants, eux aussi, examinés, on mesure toute partie, à l'aide d'instruments, mètres étranges, pince, forceps, sonde, de leur corps encore chétif, sur lesquels l'on peut, en tâtant du bout du doigt, sentir le renflement d'une, légère et ferme pourtant, ne demandant qu'à ployer sous quelconque coup, côte ]

10 octobre 2007

5

Jamais je n'avais pensé à ce point être, écrivant, le marais absorbant toute vie de ma vie.

10 octobre 2007

4

23h45 :
Certains soirs il me faut / il me semble / en moi / briser tous ces marbres de douleur.

10 octobre 2007

3

Au sol gisent
des morceaux
d'espoir
[ brisés ]

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